Le Compostage de la matière organique

L’écologie est l’affaire de tous et, parmi les nombreux gestes du quotidien, trier ses déchets est devenu un réflexe. Pour aller plus loin, les personnes disposant d’un jardin ont pris l’habitude de réserver un petit coin de leur terrain pour entasser leurs déchets organiques, soit à l’air libre soit dans un composteur. Désormais, les personnes vivant en appartement peuvent installer un lombricomposteur qui transforme les déchets alimentaires en compost.

Voici comment comprendre le processus du compostage et quelle est son utilité.

Le sol et les lombrics

Le sol de notre planète est soumis à un processus de recyclage permanent qui permet la pousse des végétaux à l’infini. Notre sol est composé de trois couches distinctes : la couche arable (de 10 à 60 cm sous la surface) où se concentre la vie, l’horizon pédologique qui est l’intermédiaire avec la troisième couche, la plus profonde, la roche mère.

La couche qui nous intéresse est la première, celle sur laquelle nous marchons, et qui contient la micro-faune et la macro-faune qui, aidées par les aléas climatiques et les phénomènes mécaniques de piétinements et de mouvements de la terre, permet la dégradation des matières organiques.

Cette dégradation dépend des caractéristiques physiques, chimiques et biologiques du sol. Les microorganismes et les lombrics sont des acteurs essentiels et précieux qui effectuent un travail incessant de recyclage. Ils sont des milliards à peupler la couche arable qui est celle où croissent les racines des végétaux qui servent à notre alimentation et donc à notre survie.

Les vers épigés

Il existe trois sortes de vers de terre. Les vers anéciques nous sont les plus familiers, car ce sont eux qui viennent se nourrir à la surface du sol et laissent des petits tortillons d’excréments. Ce sont eux qui brassent la couche arable, grâce à leurs galeries verticales. En revanche, nous ne voyons jamais les espèces endogées qui se déplacent dans des galeries horizontales.

Enfin, c’est la troisième espèce, les épigés, que nous allons utiliser pour le lombricomposteur. Ils habitent dans la litière de surface et ne creusent pas de galeries.

Eisenia Andrei et Eisenia Foetidia sont les deux espèces de vers épigés sélectionnés. Ces petits vers de quatre à sept centimètres sont des voraces qui aiment tout autant les matières organiques que les matières inertes, comme le carton, le papier ou les coquilles d’œuf.

Le rôle des lombrics

Les lombrics participent à la régénération des sols, à leur bonne aération et à leur bonne hydratation. Pour vivre, le lombric a besoin de toujours rester dans un milieu humide. Il se sert de sa peau pour respirer, car il ne possède pas de poumons. Il reste donc toujours non loin de la surface de la terre.

Il existe une multitude d’espèces de vers de terre. Ils représentent environ 80 % de la biomasse. Ce chiffre colossal exprime bien à quel point ces animaux sont précieux pour la sauvegarde de la planète. Leur existence est un travail sans fin de terrassier : ils creusent des galeries dont ils ingurgitent la terre par leur orifice buccal et, au fur et à mesure qu’ils avancent, ils rejettent leurs excréments par un orifice situé sur leur dernier anneau.

Le travail des lombrics permet d’aérer la terre, de l’hydrater et de fabriquer de l’humus. La terre a besoin de l’air qui oxyde la matière organique pour la décomposer. Les galeries des lombrics permettent de faire entrer l’air et de le faire circuler. De plus, certains vers creusent des galeries verticales qui favorisent le brassage entre les différentes couches de terre.

Il ne pourrait y avoir de vie sans eau et les galeries des lombrics créent un drainage précieux qui permet d’hydrater le sol et tout son écosystème. Les racines de végétaux profitent de cet apport en eau pour puiser leurs ressources. Les galeries évitent aussi l’érosion du sol.

Enfin, les lombrics fertilisent le sol en fabriquant l’humus. Ce sont ces acteurs essentiels de la dégradation organique que nous allons utiliser pour le lombricomposteur qui recycle nos déchets ménagers.

La dégradation au sein d’un lombricomposteur aboutissant au lombricompost et lombrithé

L’utilisation d’un lombricomposteur consiste à reproduire en partie la dégradation de la matière organique qui s’effectue automatiquement dans la nature. En confinant des vers dans un lombricomposteur, il manque certes quelques éléments, comme les aléas climatiques ou les phénomènes mécaniques de brassage du sol par le passage des animaux et des hommes, les éléments déplacés par le vent et ce qu’il transporte. En revanche, l’écosystème recréé optimise le travail des vers et des micro-organismes qui disposent d’un univers « sécurisé », à l’abri des prédateurs, du gel, des inondations, et de tout autre élément perturbateur.

Le principe du lombricomposteur

En utilisant un lombricomposteur, vous recréez un écosystème favorable à la dégradation organique. Votre appareil contient des aliments, des lombrics épigés et des bactéries qui, inlassablement, se chargent de fragmenter les déchets ménagers organiques, ainsi que les papiers, cartons et coquilles d’œuf qu’il est bon d’ajouter.

En effet, les papiers et cartons compensent l’azote des déchets verts par un apport en carbone, tandis que les coquilles d’œuf équilibrent le pH qui est naturellement acide. L’ensemble aide aussi à l’aération du lombricompost en cours de formation.

C’est ainsi que vous récoltez du compost de la plus belle qualité au bout de quelques semaines après le démarrage de votre lombricomposteur. La récolte dépend ensuite de la quantité de nourriture que vous donnez à vos lombrics.

La population des lombrics se régule en fonction de la quantité de matière organique à fragmenter et à transformer. Vous ne vous occupez de rien d’autre que de les nourrir et de veiller à ce que l’humidité reste suffisante, car les vers sont sensibles à l’hydratation. Si la façon dont vous vous nourrissez ne leur permet pas de rester suffisamment hydratés, il vous suffit d’ajouter de l’eau en la vaporisant. Ne versez pas l’eau directement, car vous allez les noyer.

En plus d’un lombricompost très fin et très riche, le lombricomposteur permet de récolter le lombrithé. Ce liquide est encore plus riche et dense que le compost solide. Il doit toujours être dilué – à 10 % idéalement – pour être utilisé.

La récolte du lombricomposteur s’adapte à toutes vos plantations : verger, potager, arbres et arbustes, plantes d’intérieur ou d’extérieur, fleurs…

Le lombricomposteur est un merveilleux outil qui ne présente que des avantages : il est peu cher à l’acquisition, réduit vos poubelles, est inodore et peu encombrant, et vous procure un engrais 100 % naturel de la plus belle qualité.

La dégradation naturelle de la matière organique

Dans la nature, les matières organiques fraîches tombent sur le sol. Il s’agit de déchets végétaux et animaux. Plusieurs éléments interviennent alors. L’eau qui imprègne le sol dissout les matières solides en entraînant les sucres solubles, c’est la lixiviation.

Ensuite, les matières organiques commencent à être fragmentées mécaniquement, puis par l’intervention des micro-organismes et toute la faune du sol qui incluent les bactéries, lombrics, fourmis, termites… Tout ce petit monde déchiquette les matières organiques et les restitue sous forme d’excréments qui représentent désormais la matière particulaire.

Ces ingénieurs du sol répartissent ces fragments très riches à tous les niveaux de la litière. Il s’agit de l’incorporation.

Enfin, le catabolisme enzymatique est le processus dû à cette faune. Elle produit des enzymes extracellulaires qui vont transformer les matières particulaires. Le processus de stabilisation permet ensuite la minéralisation.